L'Eternité

une création de Thierry Machuel

commande de l'ensemble PTYX qui bénéficie d'une aide à l'écriture d'oeuvre musicale originale de l'État.

Catherine Pozzi (Collection Bourdet)

Projet musical pour voix, clarinette et dispositif électroacoustique

« Nous valons plus que ce que nous donnons à percevoir, plus que ce que l’on connaît de nous ». Ces mots profondément bienveillants d’un de mes plus vieux amis, semblent avoir pris un surcroît de sens depuis le début de la pandémie [Thierry Machuel]

les mots du compositeur

Mon projet musical, à l’origine, portait sur la notion de territoire, sur la façon dont certains animaux parviennent malgré leur instinct d’appropriation, à vivre ensemble dans un même espace. Ce sujet a lui aussi pris un surcroît de sens dans la nécessité actuelle de rester chez soi, à plusieurs comme d’habitude certes, mais avec très peu de possibilités d’aller au dehors afin de jouir d’un plus grand domaine. Je n’ai pas vraiment changé mon sujet de recherche, disons que la pandémie s’y est invitée.

En clair : l’espace partagé d’un côté, que je traite avec la clarinette, associée à un dispositif électroacoustique fait de 7 hauts-parleurs disposés aux sommets d’une étoile à six branches, les deux triangles inversés marquant deux niveaux de distance par rapport au public, l’un légèrement au-delà de la salle et l’autre beaucoup plus loin, avec l’ajout d’un haut-parleur grave non localisable, ce type de diffusion sonore étant alimenté par des éléments pré-enregistrés à la clarinette, tournant et passant du direct au premier cercle d’éloignement, puis au second etc.

Et ensuite, le passage de la mort : j’ai écrit un long texte en y mettant les mots d’un court poème de Catherine Pozzi, à distance les uns des autres tels de petits cailloux blancs ; on entendra d’abord ce long poème, chanté par la chanteuse présente devant nous, puis celle-ci s’en ira, et en son absence, l’ordinateur retrouvera dans son chant les éléments nécessaires à la reconstitution du poème afin de faire entendre le dernier chant de la soprano, comme une image sonore qui résumerait à elle seule toute la trajectoire qui précède, une épure de sa vie.

Ainsi, la clarinette explore l’espace sonore tandis que la chanteuse vit, meurt puis revit, dans une mise en abyme du poème où les territoires se recoupent, interrogation de l’espace comme lieu, origine et finalité de tout, image de l’être tel qu’il se donne à voir et entendre au cœur de cet espace, ou tel qu’il se grave dans nos mémoires, qui ne garderont de lui que cette infime parcelle de poésie.

dates passées

07.08.2021 / Manoir de la Ville Gros Sérent (56)

08.08.2021 / Chapelle Goz Ilitz, Lézardrieux (22)

15.08.2021 / Chapelle Saint-André, Neuvy-le-Roi (37)

19.09.2021 / La Grange Dîmière, Chenu (72)

30.04.2022 / Chapelle Saint-Libert, Tours (37)

25.03.2023 / Paris 14e

08.07.2023 / Festival Les Méridiennes, salle Jean de Ockeghem, Tours (37)

dates à venir

pas de date pour l’instant

équipe

soprano, clarinette(s) et électroacoustique

Antoine Moulin

Clarinettiste de l’ensemble PTYX depuis sa fondation, il joue 3 clarinettes différentes : mi b, ut, basse

Esther Labourdette

Habituée à servir la musique médiévale et de création — dont celle de Thierry Machuel —, elle a rejoint l’ensemble PTYX en 2021 pour L’Éternité.

Jean-Baptiste Apéré

Directeur artistique de l’ensemble PTYX depuis sa fondation, il en est également un interprète, orienté tout particulièrement vers les nouveaux médias et les objets sonores.

Très haut amour

un poème de Catherine Pozzi (1882-1934)

Très haut amour, s’il se peut que je meure
Sans avoir su d’où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,

Très haut amour qui passez la mémoire,
Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour,
En quel destin vous traciez mon histoire,
En quel sommeil se voyait votre gloire,
Ô mon séjour …

Quand je serai pour moi-même perdue
Et divisée à l’abîme infini,
Infiniment, quand je serai rompue,
Quand le présent dont je suis revêtue
Aura trahi,

Par l’univers en mille corps brisée,
De mille instants non rassemblés encor,
De cendre aux cieux jusqu’au néant vannée,
Vous referez pour une étrange année
Un seul trésor

Vous referez mon nom et mon image
De mille corps emportés par le jour,
Vive unité sans nom et sans visage,
Cœur de l’esprit, ô centre du mirage
Très haut amour.

extrait du concert du 15.08.2021

7

enceintes HS7

3

pupitres Jean Vindras

8

tabourets Marius

50

mètres de câbles